What is My Name?
2013
Quel est mon nom? s’articule autour du thème de l’assimilation culturelle imposée à la minorité autochtone et de ses répercussions à long terme. L’œuvre raconte l’histoire du « système de pensionnats autochtones » qui a vu des milliers d’enfants autochtones déracinés, enlevés à leurs parents et placés dans le milieu inhospitalier et souvent abusif des pensionnats publics tenus par le clergé entre le XIXe siècle et le milieu du XXe siècle.
L’œuvre illustre diverses scènes de vie dans les réserves et au pensionnat ainsi que la transformation physique et psychologique des enfants. La base de l’arbre, qui témoigne de la vie dans la nature, se rapporte à la notion de famille et de racines culturelles— lieu d’origine et d’appartenance. Les branches, constituées de tranches de vie dans les pensionnats, symbolisent la croissance des effets néfastes, voire mortels des contacts avec les non-Autochtones. À la manière des branches d’un arbre généalogique, elles évoquent également que les générations futures auront à composer avec les conséquences de la perte d’identités culturelles et de langues ancestrales.
Dans ses projets antérieurs, Karine Giboulo a abordé la situation sociale, économique et politique de « l’autre » en pays étrangers. Les Occidentaux se font discrets, jouant généralement le rôle d’invités (ou d’intrus) dans le monde de « l’autre ». Leur présence apparaît comme un stratagème narratif servant à illustrer le thème de la mondialisation. Dans ce diorama, Giboulo se concentre sur l’Ouest et sur l’histoire de son propre pays. Affirmant (comme elle le fait souvent au sujet de son œuvre) que « lorsque nous parlons des autres, en fait, nous parlons de nous », Giboulo critique directement le moi sous le couvert de l’oppresseur.
L’œuvre se veut une reconnaissance des souffrances imposées aux peuples autochtones du Canada. Elle vise à permettre à l’artiste d’envisager les méfaits du point de vue des descendants du coupable. Elle témoigne d’une histoire atroce par le biais de la compassion et du regret. Giboulo affirme qu’elle a accompli ce projet « avec amour », sculptant chaque figurine avec délicatesse, sympathie et respect.
Texte : Sharona Adamowicz-Clements, traduction version française : Lucie Chevalier